Should I stay or should I go? Comment notre cerveau décide si l’on peut traverser une rue.

Lorsqu’une voiture s’approche d’un piéton, il est crucial pour lui de déterminer s’il peut traverser la rue en toute sécurité. En d’autres termes, l’observateur doit, avant de prendre sa décision, estimer combien de temps il faudra à un véhicule arrivant vers lui pour l’atteindre afin de décider s’il a ou non suffisamment de temps pour traverser la rue. Cette estimation de temps est également connue dans la littérature sous le nom de perception du temps de contact (TTC).

Quelles sont les structures du cerveau impliquées dans l’estimation du TTC et la décision de traverser ? Les zones cérébrales soutenant cette perception de TTC ont été principalement étudiées jusqu’à maintenant par des approches non invasives ne permettant que des corrélations indirectes.

Dans cette étude, les chercheurs ont testé directement les zones cérébrales suspectées au cours de chirurgies d’ablation de tumeurs cérébrales chez des patients maintenus éveillés pendant l’opération.

Des tests d’estimation de TTC étaient réalisés avant l’opération chez 40 patients puis au cours de la chirurgie pendant l’application de stimulations électriques sur les zones du cerveau potentiellement impliquées dans l’estimation du TTC.  En effet, l’application de stimulations électriques va perturber le traitement de l’information qui est réalisé au niveau de la zone stimulée. Ainsi la comparaison des performances d’estimation de TTC avant l’opération et pendant les stimulations va permettre de comprendre si les parties du cortex testées sont engagées dans cette estimation.

Les résultats ont montré que de petites zones du lobe pariétal droit près du sillon intra-pariétal étaient directement impliquées dans la décision de traverser la rue. Cette même région est connue pour sous-tendre également la prédiction du mouvement d’un objet caché par un obstacle. Dans ce cas, les observateurs doivent utiliser cette prédiction du mouvement pour estimer le TTC même si la voiture est cachée pendant une partie de son approche. Il est à noter qu’une implication indirecte des stimulations sur l’estimation du TTC a également été trouvée pour des sites situés dans les réseaux linguistiques, moteurs ou attentionnels.

Ces différents résultats suggèrent que ce réseau de petites zones révélées par les stimulations permet aux participants d’anticiper l’arrivée d’un objet, de préparer l’observateur à une collision imminente et de se protéger ou de s’éloigner de la trajectoire de l’objet. Les auteurs se demandent alors si ce réseau est spécifique à la perception du TTC ou s’il est engagé dans des tâches plus générales nécessitant une orientation de l’attention. Des travaux supplémentaires seront nécessaires pour répondre à ces questions.

 

Pour plus d’info :

 

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jnr.25279

 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-sciences/comment-notre-cerveau-decide-si-l-on-peut-traverser-la-rue-3101472