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Jean-Michel Hupé

contact: jean-michel.hupe at cnrs . fr

téléphone : +33 (0)5 6274 6124
adresse postale : CNRS CERCO UMR 5549, Pavillon Baudot, CHU Purpan, BP 25202, 31052 Toulouse Cedex 3

3-4 Novembre 2016 : Le forum annuel du GDR Vision a eu lieu à Toulouse !

Mes recherches portent sur la perception visuelle, en particulier et de plus en plus sur ses aspects subjectifs.
La liste complète de mes publications, avec accès aux fichiers pdf, est disponible ici (lorsque le lien pdf ne marche pas, c'est que l'article est disponible gratuitement sur le site de l'éditeur - vous pouvez utiliser le doi) .

J'ai fait ma thèse à Lyon de 1995 à 1999 avec Jean Bullier. J'ai étudié le rôle des connexions feedback dans la perception visuelle du mouvement. Ensuite, je suis parti trois ans en post-doctorat à New York University avec Nava Rubin. J'ai étudié la perception du mouvement en psychophysique et je me suis formé à l'IRM fonctionnelle. J'ai commencé à travailler sur la perception bistable des stimuli ambigus. Je suis revenu en France en 2002, au CerCo à Toulouse, où j'ai été recruté comme chercheur CNRS (CR1) en 2004.

J'ai trois projets de recherche en cours, ainsi qu'un souci constant de développement méthodologique.

(1) La multistabilité, principalement en vision. Mon paradigme favori est le plaid (demo). J'étudie aussi la multistabilité en audition grâce à la complicité de Daniel Pressnitzer.

Mes publications les plus importantes sur le sujet sont les suivantes:
Hupé JM and Rubin N, 2003. The dynamics of bi-stable alternation in ambiguous motion displays: a fresh look at plaids. Vision Research 43, 531 - 548
Pressnitzer D and Hupé JM, 2006. Temporal dynamics of auditory and visual bistability reveal common principles of perceptual organization. Current Biology 16, 1351-1357
Hupé JM and Pressnitzer, D, 2012. The initial phase of auditory and visual scene analysis. Phil. Trans. R. Soc. B. 367(1591): 942-53.
Huguet G, Rinzel J and Hupé JM, 2014. Noise and adaptation in multistable perception: noise drives when to switch, adaptation determines percept choice. Journal of Vision 14 (3), 1-24
Hupé JM, Signorelli CM and Alais D, 2019. Two paradigms of bistable plaid motion reveal independent mutual inhibition processes. Journal of Vision 19 (5), 1–16

(2) Les Synesthésies (depuis 2006)

Avec Michel Dojat, Nous avons étudié de façon exhaustive les synesthésies graphème-couleur, en utilisant les témoignages, des tests psychophysiques et l'IRM anatomique et fonctionnelle.
Hupé JM, Bordier C and Dojat M, 2012. The neural bases of grapheme-color synesthesia are not localized in real color sensitive areas: Cerebral Cortex 22: 1622-1633.
Vous pouvez consulter également le technical report.
Ruiz MJ and Hupé JM, 2015. Assessment of the hemispheric lateralization of grapheme-color synesthesia with Stroop-type tests. PLoS One 10, e0119377. doi: 10.1371/journal.pone.0119377.
Hupé JM and Dojat M, 2015. A critical review of the neuroimaging literature on synesthesia. Front. Hum. Neurosci 9, 103. doi: 10.3389/fnhum.2015.00103.
Dojat M, Pizzagalli F and Hupé JM, 2018. Magnetic resonance imaging does not reveal structural alterations in the brain of synesthetes. PLoS ONE 13(4): e0194422. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0194422
Ruiz MJ, Dojat M and Hupé JM, 2017. Multivariate pattern analysis of fMRI data for imaginary and real colours in grapheme-colour synaesthesia. Preprint Version, under review

Mathieu Ruiz a obtenu sa thèse en 2014.

Avec Charlotte Chun, alors étudiante de Master et lauréate d'un projet Fulbright, nous avons étudié la prévalence des synesthésies en France et ses relations possibles avec la créativité.
Chun CA and Hupé JM, 2013. Mirror-touch and ticker tape experiences in synesthesia. Front Psychol 4:776
Chun CA and Hupé JM, 2016. Are synesthetes exceptional beyond their synesthetic associations? A systematic comparison of creativity, personality, cognition, and mental imagery in synesthetes and controls. British Journal of Psychology 107: 397–418.

Marie Garnier a obtenu sa thèse sur le développement des synesthésies en 2016.

Deux papiers de vulgarisation sur le sujet :
Hupé JM, 2012. Synesthésie, expression subjective d’un palimpseste neuronal ? médecine/sciences 28(8-9): 765-771.
Hupé JM, 2012. Synesthésies, illusions et subjectivité. Cerveau et Psycho "L'essentiel", Les illusions (Novembre 2012).

(3) Les images mentales

C'est en collectant les témoignages des synesthètes que je me suis aperçu de la diversité des expériences subjectives possibles. L'observation est simple: nous ne pensons pas tous de la même façon, notamment quand il s'agit d'avoir des "images mentales". Mais comment objectiver cette expérience subjective ?

(4) Développements méthodologiques

Au cours de mes recherches, j'ai proposé un certain nombre de solutions méthodologiques et statistiques aux problèmes que j'ai rencontrés.

-  Dans l’analyse des données d’électrophysiologie unitaire, j'ai utilisé des tests de "bootstrap" à la place du t de Student ou de tests non paramétriques (Mann-Whitney) pour la comparaison d'échantillons de distributions non normales et de variances différentes : problème classique de Behrens-Fisher, pour lequel il n'y a pas de solution mathématique exacte. A l'époque - et encore souvent il me semble - les tests classiques sont appliqués alors que leurs conditions de validité ne sont pas respectés. cf (Hupé et al 1998, 2001a,b). J'ai également appliqué des tests de randomisation dans le cas de distributions très asymétriques contenant une majorité de valeurs 0, et implémenté des procédures de contrôle de l'inflation du risque statistique en cas de comparaisons multiples qui tiennent compte des corrélations entre les mesures (Hupé et al. 2001a,b).
-  Les données de temps de réponse en général et en particulier dans la mesure de perception bistable de stimuli ambigus sont distribuées de façon lognormale. J'ai donc, logiquement, appliqué une transformation log à mes données. J'ai expliqué également que c'est l'analyse de résidus après une ANOVA qui permet de vérifier a posteriori la transformation à appliquer. cf Hupé & Rubin 2003, et http://cerco.cnrs.fr/pagesp/jmh/plaid_demo/suppl.htm pour les explications statistiques. Il s'agit de notions élémentaires de statistiques, pourtant alors (et encore maintenant) presque systématiquement ignorées de la communauté scientifique qui travaille sur la perception multistable ou les temps de réaction - qui continue par exemple à utiliser des moyennes de distributions asymétriques et de supprimer des soi-disant "outliers" au-delà de 2 ou 3 déviations standards de ces distributions. Une persistance dans l'erreur qui ne cesse de m'étonner.
-  Avec un nombre suffisant de données, tout test statistique devient significatif. Ce n'est pas une loi mathématique, mais une loi de la nature (en tout cas de celle à laquelle on a accès en biologie et psychologie). J'ai pris position contre les corrélations faibles ici: Hupé JM, Lamirel C, Lorenceau J. Pupil dynamics during bistable motion perception. J Vis 2009; 9: 1-19.

Je me suis également intéressé aux signaux oculaires. Dans l'article de 2009, nous avons montré que la pupille réagissait aux simples appuis boutons, mais aussi aux clignements des yeux. Ces résultats avaient été observés dans une littérature un peu ancienne qui sombre malheureusement dans l'oubli.
Dernièrement, nous avons caractérisé la réponse BOLD mesurée en IRMf à des clignements des yeux. Il peut sembler évident que quand on ferme les yeux, même très brièvement, cela modifie l'activité dans notre système visuel. Un peu bizarrement, cependant, presque toutes les études en IRMf sur la perception visuelle semblent avoir négligé cette possibilité. A tort, comme on le démontre ici :
Hupé JM, Bordier C and Dojat M, 2012. A BOLD signature of eyeblinks in the visual cortex. Neuroimage 61: 149–61

Mon accomplissement majeur, cependant, fut de comprendre enfin (du moins je l'espère) la logique de l'inférence statistique, comme cela est désormais expliqué ici.
J'ai ainsi compris les problèmes très sérieux (et non résolus à ce jour) posés par l'analyse de données en imagerie cérébrale :
Hupé JM, 2015. Statistical inferences under the Null hypothesis: common mistakes and pitfalls in neuroimaging studies. Front Neurosci 9, 18. doi: 10.3389/fnins.2015

Suivant les recommandations de Geoff Cumming, j'ai commencé à publier et interpréter des Intervalles de Confiance plutôt que des p-values (cf Ruiz and Hupé 2015, Chun and Hupé 2016, Dojat et. 2018, Ruiz et al. 2017).
Voici un exemple d'interprétations différentes suivant qu'on se base sur des p-values ou des intervalles de confiance :
Hupé JM, 2017. Comment on “ Ducklings imprint on the relational concept of ‘same or different.'” Science 355, 806b. doi: 10.1126/science.aah6047
Autre example d'usage abusif des p-values :
Hupé JM, 2018. Shortcomings of experimental economics to study human behavior: a reanalysis of Cohn et al. 2014, Nature 516, 86–89, ‘‘Business culture and dishonesty in the banking industry’’ Open archive manuscript

Dans le prolongement de ce commentaire, une réflexion sur l'articulation des sciences cognitives et des sciences humaines, avec Jérôme Lamy :
Hupé JM et Lamy J, 2018. Ne pas réduire le social au biologique. Conditions d’un dialogue entre sciences sociales et sciences cognitives. (Version des auteurs)
Version altérée sur le site AOC media



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